Passer au contenu principal

Accueil / Citoyens / Patrimoine / Archives / Pages d'histoire / Hôtel de ville

Archives

Hôtel de ville

Il s'écoule plus de 60 ans avant que le conseil municipal de Québec ne siège dans un bâtiment clairement identifié à sa fonction, en 1896.

Un premier hôtel de ville

Lorsque l'acte érigeant la Cité de Québec est voté en 1831, le premier conseil se réunit dans une salle du palais de justice, sur la rue Saint-Louis. Jusqu'à la révocation de la charte, en 1837, les élus siègent en divers endroits, notamment à l'hôtel Albion, sur la côte du Palais.

Une nouvelle charte est enfin accordée à la cité en 1840. Les services municipaux sont alors logés dans l'ancienne maison du juge Thomas Dunn, bâtie en 1796. Située au coin nord-ouest des rues Saint-Louis et Sainte-Ursule, elle devient propriété de la Cité en 1842. La première caserne d'incendie est aménagée dans les écuries et le poste de police est installé sur la rue Sainte-Ursule, à l'angle de la ruelle des Ursulines.

Le long cheminement d'un projet

Vers 1880, en dépit de multiples réparations et agrandissements pour adapter l'édifice à sa fonction, le vieux bâtiment ne répond guère aux exigences de l'administration municipale. Le maire François Langelier examine diverses options en vue d'un déménagement, mais ses propositions restent sans lendemain.

En 1888, le terrain sur lequel était construit le collège des Jésuites (démoli 11 ans plus tôt) est mis en vente par le gouvernement du Québec. Cette fois, le conseil municipal parvient à rallier l'opposition pour acheter ce bien foncier, fort convoité, donnant sur la place de la cathédrale Notre-Dame, entre la rue Sainte-Anne et la côte de la Fabrique.

Un concours est immédiatement lancé pour la réalisation du futur hôtel de ville. La tension monte entre Charles Baillairgé, l'ingénieur de la Cité responsable du concours, et les membres du jury, présidé par Eugène-Étienne Taché, l'architecte de l'hôtel du Parlement. Afin de renouveler l'architecture de la capitale, Baillairgé étend l'invitation aux architectes des grandes villes américaines. Dans le but de privilégier les créateurs locaux, Taché convainc cependant le jury de retenir un projet de style Second Empire, particulièrement prisé par les élites à cette époque.

Le premier prix est ainsi décerné à l'architecte Elzéar Charest, mais le conseil de ville hésite à mettre ses plans en œuvre. Il commande plutôt une synthèse des six projets reçus à l'architecte Joseph-Ferdinand Peachy. Sa proposition, encore empreinte de l'influence du Second Empire, est aussi rejetée.

Élu à la tête d'un nouveau conseil de ville en 1894, le maire Simon Napoléon Parent relance aussitôt le projet. Les plans antérieurs sont remis à l'architecte Georges-Émile Tanguay avec le mandat de concevoir un bâtiment original reflétant le dynamisme, mais aussi le caractère historique de la capitale. L'architecte livre les plans l'année suivante et l'hôtel de ville de Québec est inauguré en 1896.

Moderne et nord-américain

Tanguay compose un bâtiment qui s'écarte résolument de l'influence de l'architecture Second Empire à Québec. Son éclectisme combine le style néoroman des édifices publics américains avec la symétrie néoclassique héritée de la tradition. L'équilibre de la façade est cependant atténué par la dénivellation du terrain, qui commande un étage supplémentaire à l'aile longeant la côte de la Fabrique. Une tour horloge accentue encore l'importance de cette partie. D'inspiration médiévale, elle symbolise la fonction de l'hôtel de ville, ce qui ne l'empêche pas d'être utilisée pour sécher les boyaux de la caserne de pompiers autrefois intégrée à l'édifice.

Un style d'auteur

Par la suite, Tanguay reprend diverses composantes architecturales de l'hôtel de ville sur d'autres casernes de pompiers et des pavillons du parc de l'Exposition provinciale, conférant une certaine unité stylistique aux édifices municipaux de Québec.

L'hôtel de ville est agrandi en 1929. L'architecte Raoul Chênevert s'inspire du bâtiment existant pour prolonger l'aile de la rue Sainte-Anne. En 2003, des travaux de rénovation, échelonnés sur environ cinq ans, sont entrepris pour la mise aux normes de l'édifice plus que centenaire. L'éclectisme typique de Tanguay a doté Québec de bâtiments originaux, qui n'appartiennent pas à un style particulier, mais plutôt à leur auteur.

Source

Tessier, Yves. L'Hôtel de ville de Québec : cent ans d'histoire. Cahiers d'histoire de la Société historique de Québec, no 36, 1996.