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Répertoire du patrimoine bâti

Fiche

Pollack, Maurice

1885 - 1968

Biographie

Les origines
Maurice Pollack est né le 28 janvier 1885 à Konela, une bourgade située à 170 kilomètres au sud de Kyiv, la capitale de l'Ukraine. À cette époque Konela est un «shtetl», c'est-à-dire une petite ville où les juifs forment localement la majorité de la population tout en étant minoritaires au niveau national. 

Maurice Pollack y reçoit une éducation hébraïque. Sa mère Hodel Pollack meurt en 1891, tandis que son père Shlomo-Leib Konstantinovsky s’éteint en 1902. 

Maurice Pollack arrive à Québec en mars 1902 à l'âge de 17 ans. À ce moment il ne possède pratiquement rien et ne parle ni français ni anglais. Son parcours d’immigrant ressemble à celui de plusieurs milliers de juifs qui fuit les pogroms de l’Empire russe.

Pollack vient à Québec pour y rejoindre son oncle Lazar Gaetz. Ce dernier est installé à Québec depuis quelques années et il y pratique le métier de commerçant ambulant. 

Le premier commerce
Maurice Pollack est d'abord commerçant ambulant à l'image de son oncle. Il emprunte afin de faire l'acquisition d'un cheval et d'une charette afin de pouvoir parcourir les alentours de Québec, notamment la Beauce où il est très actif.

En 1906, il ouvre son premier magasin de vêtements pour homme sur la rue Saint-Joseph dans le quartier Saint-Roch. Il demeurait alors tout près, sur la rue Saint-Dominique, à l'endroit où est aujourd'hui l'immeuble des «Façades de la Gare».  À cette époque la communauté juive est très importante dans le quartier Saint-Roch, on y retrouve plusieurs commerces appartenant à des juifs ainsi qu'une synagogue.

En 1909, Maurice Pollack épouse Rifka Tarantour à Montréal. En 1911, il déménage son magasin à l'emplacement de l'actuel 729 rue Saint-Joseph. En 1914, il agrandit le commerce afin d'y vendre également des vêtements pour femmes et pour enfants. Ces nouvelles sections du magasin sont administrées par son épouse.

Après la Première Guerre mondiale, Maurice Pollack acquiert une usine de vêtements sur la rue Arago. On y confectionne alors des uniformes pour les postiers canadiens. Pendant la Seconde Guerre mondiale, on y fabrique des uniformes pour l'armée canadienne.

En 1931, le commerce de la rue Saint-Joseph est agrandi à nouveau. La même année la famille Pollack quitte sa résidence de la basse-ville pour s'installer au 1, Grande Allée Est. Cette maison, qui porte aujourd'hui le nom de Maurice Pollack, demeure la propriété de la famille jusqu'en 1948.

Le contexte antisémite des années 1930
Malgré un contexte antisémite très présent à l'époque, Maurice Pollack n’hésite pas à afficher son identité juive. Une étoile de David arborant ses initiales trône au-dessus de l’entrée principale de son magasin. Le commerce est toutefois victime d'une campagne de boycottage de la part de plusieurs journaux de l'époque, notamment Le Miroir, Le Patriote et L’Action catholique.

Le grand magasin
En 1951, Maurice Pollack inaugure, boulevard Charest, un tout nouveau magasin qui vaudra à ses architectes un concert d’éloges dans les revues spécialisées. On vante ses lignes sobres et modernes et l’efficacité de ses vitrines illuminées de type « showcase » qui s’étendent sur tout le rez-de-chaussée et attirent l’attention des clients 24 heures par jour. Le bâtiment de cinq étages est conçu par les architectes Milton Eliasoph et Saul M. Berkowitz. 

En partenariat avec Steinberg, une épicerie s’installe également au sous-sol. Ce bâtiment, qui accueillait aussi des espaces de bureau en location, représentait un avant-goût de ce que seront les centres commerciaux quelques années plus tard.

C’est à ce moment que Maurice Pollack cède la direction de son entreprise à ses trois fils pour se consacrer à la philanthropie.

Un grand philanthrope
La fondation Maurice Pollack, créée en 1955, va contribuer au financement d’un grand nombre d’œuvres et de projets tant au Québec et aux États-Unis qu’en Israël. Il soutient notamment les universités Laval à Québec et McGill à Montréal, ainsi que les orchestres symphoniques de Québec et de Montréal. Il contribue aussi au financement de plusieurs musées et hôpitaux et siège à certains de leurs conseils d’administration.

À Québec, Maurice Pollack finance la construction d'un pavillon de l'Université Laval et la construction du Quebec Highschool. Son engagement envers la communauté juive de Québec s’exprime à travers la construction de la synagogue Beth Israël Ohev Sholom, alors qu’il en est le principal bailleur de fonds. 

Il contribue également à l’érection du portail d’entrée et de la clôture de fer forgé du cimetière juif de Québec, sur le boulevard René-Lévesque.

La fin d’une histoire à succès
Maurice Pollack meurt le 16 décembre 1968, à l’âge de 83 ans. Dix ans plus tard, en 1978, son célèbre magasin du centre-ville ferme ses portes, victime des changements d'habitudes des consommateurs qui se tournent désormais vers les centres commerciaux.