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Patrimoine

Curieux objets - Le tombereau

25 février 2020

Texte de Jean Provencher

Savez-vous que la Ville de Québec possède une collection de plus de 15 000 objets? Chaque mois, découvrez un pan méconnu ou inusité de l'histoire de notre municipalité grâce à cette série de chroniques signées par l'historien Jean Provencher.

Québec, le royaume de la neige

La collection de la Ville de Québec réserve de nombreuses surprises. Et qui aime l’hiver sursaute à la vue de ce magnifique petit tombereau. Par bonheur, il nous est possible de connaître quelque peu son histoire.

Cette réplique de tombereau rouge et bleu pour le transport de la neige est l’œuvre de J. Émile Gosselin, forgeron, échevin du quartier Saint-Roch entre 1932 et 1936. L’artisan a bâti ce véhicule en 1945 pour un jeune du nom de Gaudreault afin de lui permettre d’atteler son chien. Qui sait, peut-être que l’enfant avait le mandat de vider une cour, aidé de son chien. Bien belle occasion de parler de neige.

En ce moment, tous et chacun ont les mots changements climatiques à la bouche. Mais il y a peu de temps encore, on répétait qu’avec le Kamchatka, en Sibérie orientale, sur les bords du Pacifique, la vallée du Saint-Laurent est le pays aux hivers les plus neigeux du monde. Et c’est à une vingtaine de kilomètres au nord de Québec qu’il tombe le plus de neige en chiffres absolus : environ quatre mètres par année.

Reportons-nous il y a plus de cent ans dans la presse pour prendre plaisir à lire quelques moments d’hiver à Québec. Dès la première semaine de l’année, on n’y échappe pas. Nous sommes d’abord ici en 1884. « Depuis mardi matin [le 1er de l’An], nous avons eu à subir une température sibérienne. Il est tombé près d’un pied de neige, et fouettée comme elle l’était par un vent tout simplement remuant, elle rendait les communications absolument difficiles. Les visites ordinaires du nouvel an ont été interrompues. Nos trottoirs se sont trouvés couverts en certains endroits d’énormes bancs de neige. La corporation verra sans doute à faire exécuter le règlement au sujet du déblaiement par les personnes qui n’y mettront pas assez de bonne volonté. » [Le Canadien, 4 janvier 1884]

L’hiver est neigeux, mais il peut aussi être capricieux. « Une tempête de neige très lourde et poussée par un vent violent du nord-est est passée sur la ville, dimanche [le 4 janvier]. À cette neige a succédé une pluie qui est tombée en abondance toute la nuit. Il a même plu hier jusqu’à midi, mais légèrement. Les rues et les trottoirs sont d’un accès difficile et malpropre, et les toits lancent de terribles giboulées qui font pester inutilement ceux qui les reçoivent. » [Le Canadien, 8 janvier 1885]

Les 7 et 8 janvier 1908, voilà une telle tempête de neige à Québec que les capitaines des traversiers entre Québec et Lévis refusent de prendre les voitures et leurs chevaux. Un quotidien de Québec n’en donne pas la raison. « Un peu après onze heures, un groupe nombreux de conducteurs de voitures se tenait aux barrières au quai des bateaux passeurs, mais on leur refusa l'entrée. Un des pauvres diables protesta : " Comment! Je suis icitte depuis neuf heures pi j'peux pas embarquer? Y'a ben du diable là-dedans! " Mais les protestations n'y firent rien, il n'embarqua pas, ses copains non plus. » [Le Soleil, 8 janvier 1908]

À l’autre bout du calendrier, en décembre, par exemple, il y a place aussi à des tempêtes. Nous sommes toujours à Québec. « La saison d’hiver, dès son début, nous a gratifié d’une des plus fortes tempêtes de neige; nos tramways électriques ont été retardés pour ne pas dire bloqués durant toute la durée de la tempête, et les balais électriques ne sont pas restés dans leurs remises. Ça été une véritable tempête de Noël arrivée en son temps. Elle a eu l’avantage de refaire complètement les chemins, à la campagne surtout. » [Le Bulletin, 24 décembre 1904]

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