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Montmorency

Bas-du-Sault

Une communauté d’ouvriers du bois

Ces maisons de l’avenue Saint-Grégoire datent de l’époque du « Bas-du-Sault », au 19e siècle. Elles rappellent le premier noyau de peuplement du secteur de Montmorency, composé surtout d’ouvriers du bois et de bûcherons. Une population semi-nomade qui vit au rythme des moulins, dans des conditions précaires. Une population qui aime aussi s’amuser, au grand mécontentement du curé de Beauport, Grégoire Tremblay.

Au royaume du bois

Dès les années 1820, les scieries implantées près de la chute Montmorency sont parmi les plus vastes d’Amérique du Nord. Elles attirent des familles ouvrières qui s’établissent au Bas-du-Sault, entre le pied de la côte à Courville (aujourd’hui de Saint-Grégoire) et les installations industrielles. C’est là qu’apparaît notamment le 43-46, avenue Saint-Grégoire, qui servira d’auberge.

La croissance du Bas-du-Sault se poursuit dans la seconde moitié du 19e siècle, lorsque George Benson Hall prend la direction des moulins. Il transforme l’entreprise en un véritable complexe industriel centré sur le bois scié et ses résidus. En 1871, près de 650 personnes y travaillent.

À cette époque, les rives du fleuve sont occupées par les milliers de billes de bois qui alimentent les moulins. Une centaine de familles habitent le Bas-du-Sault, qui a sa forge, sa boulangerie et son école. Les maisons en pièce sur pièce, sans solage, sont construites au nord de l’unique chemin, aujourd’hui l’avenue Saint-Grégoire. Coiffées d’un toit à deux versants percé de lucarnes, elles logent généralement plus d’une famille, comme le 20, avenue Saint-Grégoire, un bel exemple des habitations ouvrières du 19e siècle.

Un monde à part

En été, l’agglomération grouille d’activités. Les ouvriers des scieries travaillent 12 heures par jour, 6 jours par semaine. Certains trient le bois retenu dans les estacades, empilent les planches ou s’occupent de l’expédition. Dans leurs rares temps libres, les habitants s’adonnent à la chasse aux oiseaux migrateurs et surtout à la pêche, un apport au menu familial. L’hiver, quand les moulins ferment, les hommes partent bûcher dans les chantiers. Ceux qui restent louent des traîneaux aux citadins attirés par le Pain de sucre, une montagne de glace qui s’élève au pied de la chute Montmorency. En 1864, selon un journal local, ce serait là une « grande industrie » pour la population. Les habitants tiennent aussi des débits d’alcool illicites dans des grottes creusées à même le Pain de sucre. L’alcool y coule à flot, en dépit des réprimandes du curé de Beauport.

Cette population turbulente, un peu nomade, se distingue de celle du Beauport rural. Elle vit au rythme des moulins, sans attachement particulier à la terre. Isolée physiquement du reste de la paroisse, elle se suffit à elle-même.

Une chapelle pour sauver les âmes

Inquiet de l’éloignement de l’église paroissiale, le curé de Beauport, Grégoire Tremblay, décide d’aménager un lieu de culte au Bas-du-Sault. George Benson Hall lui cède gracieusement une manufacture désaffectée et paie même pour la reconversion du bâtiment.

La chapelle ouvre en 1869. Elle est située en bordure de l’eau, au pied de la côte à Courville. La mission est placée sous le patronage de saint Grégoire, en l’honneur de son fondateur. Véritable seigneur des lieux, le pasteur Grégoire Tremblay sermonne ses ouailles sur les désordres engendrés par l’alcool. Il s’en prend aussi, avec plus ou moins de succès, aux « rassemblements nocturnes » du dimanche, seul jour de congé.

La disparition d’un mode de vie

En 1878, les moulins ne fonctionnent plus qu’une partie de l’été. Une cinquantaine de familles quittent alors le Bas-du-Sault. L’exode se poursuit dans la décennie suivante, souvent en faveur des filatures de coton de la Nouvelle-Angleterre. Une situation ironique puisque c’est une filature de coton qui relancera le Bas-du-Sault.

Les moulins Hall cessent toute activité en 1892. Au pied de la chute, la filature de coton de Charles Ross Whitehead fonctionne déjà. C’est le début d’une ère nouvelle marquée aussi par l’arrivée du chemin de fer et l’ouverture d’une centrale hydroélectrique.

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