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Saint-Jean-Baptiste

Épicerie J. A. Moisan

Entretenir le patrimoine

L’épicerie J.A. Moisan a ouvert ses portes en 1871. Sans interruption depuis, les propriétaires successifs cultivent en ses murs une tradition commerciale devenue exclusive, car le patrimoine est à l’honneur dans cette épicerie au charme d’autrefois. Il n’en demeure pas moins qu’aujourd’hui comme hier, la population du quartier y trouve ce dont elle a besoin au quotidien. J.A. Moisan, une épicerie d’antan bien de son temps.

Un jeune homme entreprenant

Le fondateur de l’épicerie Moisan a vécu toute sa vie dans le quartier Saint-Jean-Baptiste. Fils de Marie Anne Gingras et de Jean Moisan, un menuisier de la rue de la Chevrotière, il naît le 25 décembre 1848, à deux pas du marché Berthelot (site actuel du parc Berthelot).

À l’aube de la vingtaine, Jean-Alfred Moisan ouvre une première épicerie au coin des rues de la Chevrotière et de l’Artillerie (aujourd’hui disparue). En 1874, deux ans après son mariage avec Laetitia Clavet, fille d’un boucher de la rue Berthelot, il déménage son commerce rue Saint-Jean, qui est alors la principale artère commerciale de la haute-ville. J.-A. Moisan acquiert en 1885 l’actuel 699, rue Saint-Jean, où il loge son épicerie.

Cet édifice construit en 1846 combine les fonctions résidentielle et commerciale à la façon typique de l’époque. La famille exploite la boutique située au rez-de-chaussée et elle habite à l’étage. En façade, les baies vitrées ajoutées par J.-A. Moisan attirent l’attention des passants sur les produits vendus à l’intérieur.

Une épicerie qui se distingue

À la fin du 19e siècle, la population s’approvisionne habituellement en aliments frais dans les marchés de la ville, alors que l’épicerie offre des denrées non périssables, comme les épices, la farine, les fruits séchés ou l’alcool. Pour attirer davantage de clients, l’entreprenant J.-A. Moisan développe un volet de spécialités. Il répond à l’obligation faite par la religion catholique de manger maigre (sans viande) le vendredi, en ouvrant une poissonnerie qui sera très courue, notamment au temps des huîtres que l’épicier recevait par barils. Il offre également du café à ses clients, du thé importé directement d’Angleterre, des conserves (une nouveauté !) et le célèbre fromage raffiné de l’île d’Orléans, une exclusivité à la haute-ville de Québec.

En 1921, malgré ses 70 ans, Moisan achète la maison contigüe (le #685, rue Saint-Jean) dans le but d’agrandir son épicerie. Mais le projet tourne court. Il loue plutôt les lieux à la nouvelle Commission des liqueurs, ancêtre de la SAQ. 

La relève familiale

Après le décès du fondateur en 1927, son fils Joseph-Elzéar prend la relève. Il se marie l’année suivante avec Hélène Boudreault, la nièce de Ludivine Boudreault, seconde épouse de J.-A. Moisan.

Jospeh-Elzéar continue de vendre du poisson frais, des produits d’épicerie, des bières, du porter, mais également des fruits et des légumes, comme toute épicerie de quartier. Il semble traverser difficilement la Grande Dépression des années 1930, car il fait faillite à la fin de la décennie. Comme le couple n’a pas d’enfants, un beau-frère acquiert le commerce familial, le modernise et l’exploite jusqu’en 1978.

Maintenir la tradition

Les nouveaux acquéreurs de l’épicerie Moisan, dont un collectionneur, consacrent leurs talents à réaménager les lieux et à redonner au commerce son cachet du début du 20e siècle. De nombreux objets découverts sur place, dont de vieilles enseignes commerciales, sont mis en valeur. L’agrandissement envisagé par J.-A. Moisan en 1921 se réalise enfin. La nouvelle section (le #685) sert notamment à la vente de produits en vrac, une pratique ancienne remise au goût du jour.

Le caractère patrimonial de l’épicerie centenaire s’affirme encore avec l’arrivée de nouveaux propriétaires en 1999. Ceux-ci font des recherches, rencontrent les membres encore vivants de la famille Moisan, obtiennent des photographies d’époque et identifient d’autres objets demeurés sur place, pour les exposer. Ils procèdent aux rénovations de l’épicerie, tout en conservant le créneau commercial des produits de spécialité et d’importation. En 2006, ils inaugurent une petite auberge d’esprit victorien aux étages rénovés de la maison.

Un exemple de patrimoine vivant

Cette passion pour l’histoire et le patrimoine anime également les propriétaires actuels de l’épicerie J. A. Moisan. Après une restauration complète du bâtiment en 2020, ils ouvrent une entreprise qui s’inscrit dans la continuité. En intégrant le maximum d’éléments patrimoniaux dans la décoration, ils relancent l’auberge et l’épicerie de produits fins et du terroir (au #685). Ainsi, des combles au rez-de-chaussée, le caractère historique du commerce et de la résidence de la famille Moisan est préservé pour le plaisir et la connaissance de tous.

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Vidéos

J.A. Moisan, épicier

Thérèse Légaré-Faguy est la petite-fille de Jean-Alfred Moisan qui, en 1871, a fondé l’épicerie qui est sans doute la plus vieille en Amérique du Nord. Elle revisite les lieux qu’elle a connus dans son enfance en compagnie de Clément Saint-Laurent, copropriétaire actuel. Ce passionné d’histoire n’a pas ménagé ses efforts pour conserver la mémoire des Moisan, notamment à partir des legs de la famille.

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