Paul-Émile Borduas (1905-1960) est né à Saint-Hilaire (auj. Mont-Saint-Hilaire, Montérégie). D'abord apprenti dans l'atelier du peintre et décorateur d'églises Ozias Leduc, il fréquente l'École des beaux-arts de Montréal et poursuit sa formation à Paris, aux Ateliers d'art sacré. Il revient à Montréal en 1930 et enseigne le dessin et la décoration à l'École du meuble de 1937 à 1948. La découverte du surréalisme d'André Breton, fondé sur l'expression des pulsions de l'inconscient, infléchit son parcours artistique. De figurative et « cézannienne », sa peinture passe à l'abstraction et à l'expression spontanée, dans l'esprit de l'écriture automatique des surréalistes. Abstraction verte, peint en 1941, reflète cette nouvelle conception qui va bouleverser le monde de l'art au Québec. C'est à cette époque que Borduas crée le groupe des automatistes avec des artistes de la jeune génération dont Riopelle. Les expositions collectives du groupe ont un grand retentissement qui culmine avec la parution du manifeste Refus global en 1948. Cette charge virulente contre l'idéologie conservatrice de l'époque et dont Borduas rédige la plupart des textes lui coûte son poste d'enseignant. Désillusionné, il s'exile à New York en 1953. Là, sous l'influence de l'expressionnisme abstrait, son art s'épanouit. Même s'il connaît du succès aux États-Unis, il part pour Paris en 1955 et voyage en Europe. Mais sa carrière européenne reste modeste. Les derniers tableaux de Borduas exploitent l'austérité du noir et du blanc, comme dans L'Étoile noire (1957), une œuvre maîtresse. Il s'éteint à Paris, léguant une production considérable qui confirme sa position d'artiste phare de l'art moderne au Québec.