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Vivre-ensemble

Murale en hommage aux citoyens noirs et afro-descendants de Québec

Portraits de Mary Ann Guilmartin, Roberto Wilson et Alix Renaud.

Découvrez les personnalités de la murale!

Olivier Le Jeune (vers 1620 – 1654)

Olivier Le Jeune naît à Madagascar ou sur la côte de Guinée, en Afrique de l’Ouest, à une date indéterminée. L’enfant asservi arrive à Québec en 1629, lorsque les frères Kirke prennent la ville. Il est alors vendu 50 écus à Le Baillif, un collaborateur des Anglais. Après le retour de la colonie aux mains des Français, en 1632, il est donné au pionnier Guillaume Couillard. Olivier est l’un des deux premiers étudiants formés à la résidence des Jésuites, où se trouve l’actuel parc Cartier-Brébeuf. Au début des années 1630, il y apprend des rudiments de français et de catéchisme. À son baptême, en 1634, il reçoit le nom sous lequel nous le connaissons aujourd’hui, car celui choisi par ses parents n’a pas survécu à la traversée de l’Atlantique. Olivier Le Jeune est le premier Africain maintenu en esclavage au Canada et le premier résident noir au pays.

Source : Marcel Trudel, Deux siècles d’esclavage au Québec

Mathieu Léveillé (vers 1709 – 1743)

Mathieu Léveillé naît à une date inconnue, probablement en Martinique. En 1733, il est condamné à mort pour s’être enfui trois fois de la plantation où il était retenu captif. On lui donne le choix d’être exécuté ou de devenir « maître des hautes œuvres », soit bourreau, en Nouvelle-France. Il accepte la proposition. Quelques mois après son arrivée à Québec, il procède à sa première peine capitale : celle de Marie-Josèphe-Angélique. La prisonnière, elle aussi de descendance africaine et maintenue en esclavage, est accusée d’avoir allumé l’incendie qui a dévasté une partie de Montréal en 1734. Mathieu est chargé de la torturer et de l’exécuter. Il tombe ensuite dans une dépression qui dure plusieurs années. Pour le réconforter, les autorités coloniales décident de lui acheter une épouse. Ils font venir de Martinique une femme asservie, baptisée Angélique-Denise, qui serait autrement condamnée à mort. Mathieu Léveillé se trouve toutefois si mal en point qu’il décède en septembre 1743, avant d’avoir l’occasion de la rencontrer.

Sources : Serge Bilé, Esclave et bourreau ; Dictionnaire biographique du Canada

Joseph (vers 1760 – 1790)

Maintenu en esclavage chez William Brown, fondateur de la Gazette de Québec, Joseph est né en Afrique à une date indéterminée. Il arrive peut-être à Québec à la suite d’une commande passée à Philadelphie. En 1768, Brown cherche là-bas « un esclave noir âgé de 15 à 20 ans, honnête et ayant déjà eu la petite vérole » qu’il pourrait former à l’imprimerie. Joseph, ou Joe, déserte de nombreuses fois. Il est probablement la personne asservie qui a tenté le plus souvent de se délivrer. En effet, il est extirpé à deux reprises de bateaux s’apprêtant à faire voile, fouetté sur la place du marché et capturé après une évasion de prison. Les versions varient, mais en l’espace d’une vingtaine d’années, Joseph aurait essayé entre 6 et 10 fois de recouvrer sa liberté. Il est inhumé le 15 janvier 1790.

Sources : Marcel Trudel, Dictionnaire des esclaves et de leurs propriétaires au Canada français ; Frank Mackey, notes personnelles ; Fugitifs!

Charlotte (vers 1768 – 1823)

Née en Afrique vers 1768, Charlotte est enlevée et réduite en esclavage à un jeune âge. En 1779, elle se trouve sur l’île d’Antigua, où elle est léguée à une dénommée Jane Cook, qui s’installe à Québec en 1783. Elle est probablement baptisée dans cette ville le 30 décembre 1787. Cook déménage à Montréal dans les années 1790 et, en février 1798, publie une annonce dans le Montreal Gazette afin de se départir de Charlotte. Celle-ci, apprenant la nouvelle, décide de s’enfuir avant d’être vendue. Arrêtée peu après, elle comparaît devant le juge James Monk. L’homme de loi choisit de ne pas la condamner, invoquant un flou juridique concernant le statut des personnes asservies au Bas-Canada. Cette libération inspire plusieurs autres esclaves à tenter de fuir leur condition de servitude ; Monk les acquitte tous. Charlotte est considérée comme l’un des catalyseurs de la fin de cette pratique au Québec. Elle mènera ensuite une vie remarquable, épousant un homme affranchi avec qui elle acquerra une demeure. Le couple deviendra un pilier de la communauté noire de Montréal.

Source : Frank Mackey, Done with Slavery

Dr William Wright (1827 – 1908)

Le révérend et docteur William Wright.

Le révérend et docteur William Wright est le premier Afro-Canadien à obtenir un diplôme d’une école de médecine en Amérique du Nord britannique (le futur Canada). Né à Québec en 1827, il déménage à Montréal 12 ans plus tard et y amorce de brillantes études en sciences de la santé. Il termine avec succès le cursus médical de l’Université McGill en 1848, avant même de célébrer son 21e anniversaire. Il y enseigne de 1850 jusqu’à sa retraite, en 1883, et dirige le Département de pharmacologie et thérapeutique. Le docteur William Wright devient prêtre de l’Église anglicane en 1871. Parallèlement à sa pratique de la médecine et de l’éducation supérieure, il dédie le reste de sa vie à la religion.

Sources : Frank Mackey, notes personnelles et conférence Dr. William Wright and Black Enrolment at McGill’s Medical School, donnée le 17 février 2020 à l’Université McGill

Crédit photo : © Musée McCord - II-63408

Charles Anderson Prime (vers 1831 – 1875)

Peut-être natif des États-Unis, Charles Anderson Prime enseigne la gymnastique dans les provinces atlantiques avant de s’installer dans la ville de Québec. Dès 1865, il y présente avec ses étudiants des démonstrations de trapèze, de cheval d’arçon, de barres parallèles ou fixes, ainsi que de « l’art viril de l’autodéfense ». Les journaux de l’époque relatent régulièrement l’intérêt de la population locale pour ces soirées mélangeant boxe, acrobaties et fanfares militaires. L’entraîneur instruit de jeunes athlètes francophones et anglophones, garçons et filles. Il enseigne aussi aux soldats ainsi qu’aux cadets de l’école de cavalerie. Son gymnase occupe successivement plusieurs endroits dans la ville, dont le faubourg Saint-Jean-Baptiste et le quartier Saint-Roch. Charles Anderson Prime décède d’une maladie cardiaque en 1875.

Source : Frank Mackey, notes personnelles

John Williams (1834 – 1913)

John Williams dans son salon de barbier.

John Williams naît à Québec en 1834 de père jamaïcain et de mère irlandaise. Pendant près de 50 ans, à compter de 1870, il administre avec son frère James David un salon de barbier très réputé sur la rue Saint-Louis. Le lieu, situé dans l’actuelle maison François-Jacquet-Dit-Langevin, est fréquenté par la bonne société. Il attire même « les officiers de la garnison à l’époque des troupes impériales », rapporte le Quebec Chronicle. Lorsque l’entrepreneur décède, en 1913, le journal parle de lui comme de « l’un des citoyens les plus connus et hautement respectés de Québec ». Son frère poursuivra sa pratique jusqu’en 1920.

John Williams est aussi un inventeur avec plusieurs brevets à son nom. Il conçoit entre autres un ventilateur à rotation silencieux, présenté à l’Exposition provinciale de Québec en 1887 et longtemps vendu dans les quincailleries de la ville.

Sources : Frank Mackey, notes personnelles ; Catherine Lachaussée, « Bienvenue au salon de John Williams, l’étonnant barbier noir de Québec ! », Radio-Canada

Crédit photo : Dessin de Sydney Prior Hall, tiré de Scalp dressing in the North West, To the Great North-West with the Marquis of Lorne, I, the Voyage to Quebec, Canada, The Graphic, volume XXIV, no 612, 20 août 1881.

Mary Ann Guilmartin (vers 1858 – 1917)

Mary Ann Guilmartin.

Mary Ann Guilmartin naît en 1858 en Géorgie, aux États-Unis. Elle est adoptée par le couple qui la maintenait en esclavage, formé de l’Irlandais Lawrence James Guilmartin et de l’Américaine Frances Jane Mary Lloyd. Métissée, elle est peut-être la fille illégitime de Lawrence James. Mary Ann est surtout connue grâce à deux portraits pris par le célèbre photographe William Notman en 1877 et 1885. Ces clichés sont d’autant plus significatifs qu’il existe peu d’images d’époque représentant des personnes de descendance africaine. Mariée à Onésiphore Ernest Talbot, député libéral de Bellechasse de 1896 à 1911, cette femme déterminée obtient le divorce en 1898 en raison des mauvais traitements que son époux lui inflige. Mary Ann Guilmartin demeure un exemple de courage, encore aujourd’hui, pour s’être soustraite à une situation de violence conjugale. Elle décède à Québec en 1917.

Source : Frank Mackey, notes personnelles

Crédit photo : © Musée McCord - II-45957.1

Herbert « Herb » Carnegie (1919 – 2012)

Herbert Carnegie et deux coéquipiers des As de Québec.

Né à Toronto de parents jamaïcains, Herbert Carnegie saute sur la patinoire dès l’âge de 8 ans. Grâce à sa grande habileté, il devient l’un des incontournables du hockey semi-professionnel en Ontario et au Québec dans les années 1940. Il joue pour les As de Québec durant quatre saisons, de 1949 à 1953. Jean Béliveau, son coéquipier de l’époque, lui reconnaît une influence majeure sur le monde du sport. Les Rangers de New York s’intéressent à l’athlète afro-canadien en 1948 ; ils lui offrent toutefois un trop maigre salaire comparé à celui offert par la Ligue de hockey senior du Québec. Le joueur de centre estime que le racisme freine son ascension. De fait, Herbert Carnegie est aujourd’hui considéré comme le meilleur joueur à n’avoir jamais évolué dans la Ligue nationale de hockey.

Source : L’encyclopédie canadienne

Roberto Wilson (1928 – 1995)

Roberto Wilson assis à une table où se trouve la bande dessinée Les Aventures de Robert et Roland.

Né en 1928 à Port-au-Prince, en Haïti, Roberto Wilson étudie d’abord les arts à Philadelphie avant de s’installer à Chicoutimi en 1952. À la fois auteur et comédien, il publie en 1974 son premier livre, Aguanamo : légende Arrawak, aux Éditions Garneau. Il crée également la série de bande dessinée Les Aventures de Robert et Roland dans les pages du journal L’Action catholique. Il écrit en 1957 Le fruit défendu, le premier téléthéâtre diffusé à ville de Québec. L’artiste décède en 1995 dans la capitale. Depuis 2014, le Festival Québec BD décerne le prix Roberto-Wilson au meilleur album francophone issu d’une traduction, choisi par coup de cœur du jury.

Sources : Book Node, Québec BD, Advitam

Daniel Gay (1933 – 2017)

Daniel Gay

Daniel Gay naît en 1933 à Port-au-Prince, en Haïti. Diplômé en droit dans sa ville d’origine, il obtient une maîtrise en anthropologie à l’Université de Mexico (Mexique) et un doctorat en sociologie à l’Université de Pittsburgh (États-Unis). Il devient ensuite professeur à l’Université Laval, où il enseigne la sociologie pendant 25 ans. Il publie plusieurs ouvrages et articles, dont Les Noirs du Québec, 1629 – 1900 (Septentrion, 2004), un incontournable de l’historiographie afro-québécoise. Il séjourne aussi comme spécialiste invité à l’École nationale d’ethnologie de Bahia, au Brésil, et à l’Université de Lodz, en Pologne. Daniel Gay décède en 2017.

Sources : Érudit, Septentrion

Fritz Pereira (1935 – 1987)

Pochette de l'album Haïti/Québec, chansons d'amour de Fritz Pereira

Chanteur à la voix suave, maîtrisant la guitare et l’orgue, Fritz Pereira naît en 1935 à Port-au-Prince, en Haïti. Après des études en lettres à l’Université Laval, il enregistre plusieurs albums dans les années 1960 et parcourt la province avec ses mélodies de style konpa ou calypso.

Il contribue à accroître la popularité des musiques caribéennes et latines dans le Québec de l’époque. Fritz Pereira demeure actif sur la scène culturelle jusqu’à son décès, en 1987.

Sources : Le Petit journal, Le Soleil

Ena Auguste (1939 – 2010)

Ena Auguste

Née en 1939 à Miragoâne, en Haïti, Ena J. Auguste est connue comme peintre et sculptrice basée à Québec. Habituée du Symposium international d’art contemporain de Baie-Saint-Paul, elle expose également dans plusieurs galeries de la province ainsi qu’à Vienne et à New York. La créatrice reçoit de nombreux prix pour ses œuvres. Celles-ci s’inspirent souvent de ses racines haïtiennes ; en témoignent Le Signal et « La mort source de vie » ou le rite de Baron Samedi. Son leitmotiv : « L’art ne peut fleurir si la vie n’est pas libérée. » Ena J. Auguste décède en 2010.

Sources : Imageothèque Université Laval, Le Soleil, La Presse, GIFRIC

Alix Renaud (1945 – 2021)

Alix Renaud

Poète et écrivain, Alix Renaud naît en 1945 à Port-au-Prince, en Haïti. Après avoir obtenu son diplôme au conservatoire d’art dramatique de la capitale haïtienne, il immigre au Québec en 1968. À la suite d’études de deuxième cycle en terminologie à l’Université Laval, il travaille à l’Office de la langue française, puis au Secrétariat d’État du Canada. Il devient également journaliste en français et en espagnol pour Radio-Canada International et, pendant près de 15 ans, critique gastronomique pour l’hebdomadaire Voir. Alix enseigne de plus l’expression orale, la phonétique au Collège radio télévision de Québec, la diction poétique à l’Université Laval et le créole haïtien au Cégep Garneau. Il publie au fil des ans plus d’une vingtaine de livres, dont des romans, des recueils de poésie et des ouvrages didactiques. En 2007, il remporte le prix Charles-Biddle, décerné par le gouvernement du Québec à des personnes immigrantes ayant enrichi la vie artistique. Le Prix de l’Institut canadien de Québec en 2012 saluent aussi son remarquable apport littéraire et linguistique. Alix Renaud décède le 11 avril 2021 dans la capitale.

Karim Ouellet (1984-2022)

Karim Ouellet

Né à Dakar au Sénégal en 1984, Karim Ouellet est adopté avec sa sœur, la rappeuse Sarahmée, par des parents québécois. La famille s’installe à Québec en 2002. Apprenant la guitare à l’adolescence, le jeune artiste touche également au rap. Peu à peu, il devient un incontournable de la scène musicale de la capitale, notamment au sein du collectif hip-hop Movèzerbe, soutenu par le programme Première Ovation mise en œuvre par la Ville de Québec. Il multiplie les collaborations avec d’autres artistes et entreprend en parallèle une brillante carrière solo. Sa pop intelligente et feutrée rencontre un grand succès avec les disques Plume (2011), Fox (2012) et Trente (2016). En 2014, il est récompensé par l’Académie canadienne des arts et des sciences de l’enregistrement lorsque Fox remporte le prix Juno de l’album francophone de l’année. Karim Ouellet récoltera plusieurs autres distinctions et nominations au cours de sa carrière. Son décès prématuré, en 2022, attriste un grand nombre d’adeptes de musique.

Crédit photo : © Maxime Caron

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