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Aqueduc

Dès l'incorporation de la Cité de Québec en 1832, l'approvisionnement en eau potable pose un problème important au conseil municipal.

L'eau : essentielle dans la lutte contre les épidémies et les incendies

Puisée à la rivière Saint-Charles ou au fleuve Saint-Laurent, l'eau est transportée dans des barriques fermées, tirées par des chevaux. Elle est distribuée quotidiennement par des porteurs d'eau aux résidents qui ne disposent pas de puits ou de source. Puisqu'elle ne rencontre pas les conditions minimales de salubrité, les épidémies font rage. En outre, les pompiers et volontaires sont impuissants à combattre les incendies, qui dégénèrent trop souvent en conflagrations majeures. Après les deux grands feux de 1845, qui ravagent les faubourgs Saint-Roch et Saint-Jean, la construction d'un aqueduc municipal devient une priorité.

Un défi : faire monter l'eau à la haute ville

La direction des travaux est confiée à l'ingénieur américain George R. Baldwin, qui avait dirigé l'installation de l'éclairage au gaz à Québec. Après avoir examiné les cours d'eau des environs, il choisit d'ériger le barrage et le château d'eau à la décharge du lac Saint-Charles, à la Jeune-Lorette (future Loretteville). Il note une déclivité de plus de 140m entre le barrage et le passage de la rivière Saint-Charles aux limites de la ville à cette époque. La pression de l'eau, qui coule sur une distance d'environ 15 km, doit être suffisante pour remonter au point le plus élevé de la haute ville, à près de 100 m.

Un réseau qui se ramifie lentement

Les travaux de canalisation au pic et à la pelle commencent à l'été 1852. On évite la catastrophe en s'apercevant à temps que le projet initial ne comprenait pas le système d'égouts essentiel pour assainir véritablement la ville. Les plans sont aussitôt révisés et les conduites sont doublées sans qu'il soit nécessaire de creuser de nouvelles canalisations. Entrepris sous l'administration du maire Narcisse Fortunat Belleau, l'aqueduc est inauguré au début de 1854 par son successeur, Ulric Joseph Tessier.

La conduite principale mesure environ 45 cm (18 pouces) de diamètre. Selon l'importance des voies publiques, le réseau se compose majoritairement de tuyaux de fonte d'un diamètre de 10 cm (4 pouces), atteignant jusqu'à 35 cm (14 pouces) sous la rue Saint-Jean. Des formats intermédiaires sont installés sous les rues Dorchester, Saint-Paul et Saint-Vallier.

De l'eau courante… quatre heures par jour!

En 1863, quelque 45 km de conduites d'eau et 30 km de canaux d'égout desservent 3 266 édifices. Malgré les efforts, beaucoup de maisons ne sont toujours pas reliées au réseau. On déplore également que le service ne soit pas constant. Dans la basse ville, les résidents bénéficient de l'eau courante seulement quatre heures par jour, entre 8 h et 10 h le matin et de 20 h à 22 h le soir. Ailleurs, les porteurs d'eau continuent leur tâche épuisante.

Après 30 ans, de l'eau dans toutes les maisons

Même s'il représente un grand progrès pour la ville, ce premier aqueduc est loin de satisfaire tous les besoins. En 1870, il est installé sous 105 voies publiques de Québec, couvrant environ 50% de son territoire. La plus grande partie des faubourgs demeure sans défense en cas d'incendie. Dans un secteur populeux de Saint-Roch, à l'est de la rue de la Couronne, il n'y a toujours pas d'eau courante.

Les faubourgs Saint-Roch, Saint-Louis et Saint-Jean sont encore la proie des flammes en 1870, 1876 et 1881, respectivement. De nombreuses pétitions sont déposées au conseil municipal pour demander l'extension du réseau d'aqueduc sur l'ensemble du territoire. En 1882, la pose d'un second tuyau d'adduction d'eau de 75 cm (30 pouces) de diamètre assurera enfin un service de distribution d'eau dans toute la ville, 24 heures sur 24.

Source

Laberge, Raymond et la Société historique de Québec, « Aqueduc municipal de Québec ». Québec Hebdo. Article mis en ligne le 8 juin 2008.